samedi 11 mai 2013

Les gorges

jour km étapes déjeûner dîner/nuittarif remarques
Vendredi220Paris-Nevers, autoroute
la botte de Nevers. Hôtel F138+35trop court
Samedi268Nevers-Clermont-Issoire, autoroute. Condat à travers le pays (champ d'éoliennes irréel). Murat-Aurillac-Entraygues (voies rapides +++)L'air de rien, IssoireAuberge de la Méjanassère21+100un peu trop long
Dimanche170
(gorges de la Truyère)
Entraygues. Mur de Barrez. Brommat. Pierrefort. Oradour. Pont de Tréboul. Paulhenc. Barrage de Sarrans. Laussac. Labarthe. Route D621 coupée (virée no48, section nord-est)PaulhencAuberge de la Méjanassère
(repas froid)
12+100détour de 30km à cause de la coupure de route
Lundi200
(gorges du Tarn)
Entraygues/Saint Amans/Laguiole/Aubrac/Nasbinals/Mende (virée no45, nord). Sainte Énimie. Florac LaguioleFerme de la Borie25+50abords de Laguiole+++
Mardi230
(corniche des Cévennes,
Mont Aigoual, gorges du Tarnon)
Florac. Pompidou. Saint Jean du Gard. L'estréchure. Valleraugue. Saint-André (virée no43, un tiers). Mandagout. Mont Aigoual.Hôtel de Saint-AndréFerme de la Borie28+50trop long
Mercredi250
(gorges de l'Ardèche)
Florac. Mont Lozère. Les Vans. Vallon Pont d'Arc. Pont Saint Esprit. Bollène. Suze la RousseKoyal, Les VansLe clos des Panelles12+83trop long
Jeudi250
(Vercors et Chartreuse)
Grignan. Saillans. Die. La Chapelle en Vercors. Grenoble. Sarcenas. Saint-Pierre de Chartreuse. La RuchèrePizza, GrignanL'étape cartusienne8+42dernière heure: deux cols sous une pluie battante
Vendredi340Grande Chartreuse (visite). Entre deux Guiers. A43. Satolas. Bourg-en-Bresse. DijonRoutierParents8.5finex///


Un fou ?


Chambre d'hôtes, Suze la Rousse 

 Depuis quelques jours, je saute de chambre d'hôtes en chambre d'hôtes. Pour moi, c'est la solution la plus adaptée : les petits déjeuners, souvent les dîners, pris en commun m'apportent un minimum de socialisation quotidienne, après cinq ou six heures de virages seul sur la route. 

Les sujets de discussion sont souvent les mêmes, pour des gens en vacances : la destruction de la nature, la démolition des paysages ruraux par l'extension de la banlieue des villes, l'enseignement en chute libre, la progression de la violence. J'écoute beaucoup, mais je prends rarement une part active aux discussions. Les constats sont toujours les mêmes, et les gens semblent de plus en plus décidés à en sortir par des solutions radicales, sans que l'on puisse clairement identifier de quel «bord» ces solutions se réclament, tant on évite de citer des noms de personnalités politiques et à supposer qu'il y ait encore deux «bords». On désigne des ennemis abstraits : la finance, Monsanto, Goldman Sachs ; on déplore que la construction en parpaings, qui résulte d'abord d'une recherche de moindre coût, soit laide ; mais on ne cesse, pour soi, de rechercher le moins cher d'abord. 

Les patrons de la chambre d'hôtes sont responsables d'une petite exploitation viticole en Côtes du Rhône bio. Deux clients sont, eux, exploitants d'un domaine viticole en Alsace. Ils ont une discussion de bonne tenue sur la façon d'engager la transformation d'une exploitation en «bio». Quand on cesse d'asperger la vigne et le sol de produits qui tuent à peu près tout sauf le raisin, il y a d'abord une perte de rendement : les pieds faibles meurent. En deux ou trois ans, la productivité revient à la normale, la vigne a retrouvé ses défenses naturelles ; un tapis de fleurs et autres petites herbes réapparaît, et la faune associée aussi : insectes, grenouilles, oiseaux. Il peut y avoir, ponctuellement, de mauvaises surprises à l'occasion d'un coup de vent, ou d'un délavage des sols de la parcelle voisine --- elle, non bio --- ou d'un dégorgement de nappe phréatique empoisonnée ; mais la transition est rapidement rentable. En dix ou vingt ans, on peut espérer que des espèces prisées de poissons d'eau douce réapparaissent dans les rivières en lieu et place des tapis d'algues opportunistes gavées de phosphates. La discussion se poursuit sur la biodynamie, une approche plus radicale encore dans laquelle on réintroduit l'utilisation du cheval et des cycles lunaires (?). Il est intéressant de voir deux professionnels tomber d'accord sur le fait que le piétinement des sabots, l'effet sur le sol de la traction animale, ne «cassent» pas la terre aussi violemment qu'un tracteur, et changent ses caractéristiques en profondeur, en particulier sa capacité à retenir l'eau. Les mêmes continuent sur le respect absolu des phases de la lune : il ne s'agit pas seulement d'en tenir compte pour la végétation, mais aussi pour les animaux et le personnel : ce dernier devra donc se lever pour travailler la nuit, par exemple, en fonction d'un planning d'autant plus pointilleux qu'il est scientifiquement infondé. Il est assez fréquent, dans ces conversations autour d'une table, d'assister à de tels glissements, de tels effondrements de la raison ; ils ne coïncident pas forcément avec l'alcoolémie des convives (cette discussion se déroule au petit déjeûner). Ainsi : on constate qu'il y a un problème lié à l'industrialisation ; on essaye de déterminer (par l'analyse, la réflexion) ce que l'on peut restaurer de l'ancien art, qui, à défaut de produire massivement, a produit pendant des siècles sans trop faire de ravages ; puis, on accuse la science, on se suicide intellectuellement en se pliant à je ne sais quelle croyance fumeuse liée aux forces nocturnes du croissant maléfique. 

Mais l'un d'entre nous va plus loin. Il hausse le ton, et accuse François Hollande d'avoir voulu détourner l'attention des médias avec cette «histoire de mariage gay», un «problème important certes», mais pendant ce temps, l'État signait un accord avec l'entreprise de distribution de graines Monsanto, qu'il décrit comme une secte d'extension internationale plus nuisible encore que la Scientologie. Il invite chacun autour de la table, en son âme et conscience, à faire tout ce qu'il peut pour sauver la nature, redéfinir ses propres besoins, vivre du minimum, rejeter l'emprise funeste de l'argent, etc. 

Après être resté silencieux, j'essaye de le cerner de plus près : je lui demande quelle est sa profession. Il se présente comme pilote d'hélicoptère pour le transport de personnel et matériel entre plateformes off-shore. Immédiatement, je pense à un mythomane. Je lui explique que je termine le brevet de pilote privé à Toussus, que j'ai justement passé une partie de mon service au régiment d'ALAT de Corbas à regarder les hélicoptère s'entraîner au poser d'urgence en autorotation. Il connaît les filières, les appareils, la difficulté de la procédure d'approche de l'aérodrome de Toussus, il sait cette belle langue aéronautique faite à moitié de sigles abscons : aucun doute, il est bien ce qu'il prétend être. Il confesse alors être venu dans la région pour chercher une roulotte (?!) : il veut s'installer avec sa compagne dans une roulotte et refaire, en autarcie, un petit monde, planter ses légumes, manger ses légumes, vivre du minimum et rapidement, changer de métier. 

Évidemment, avec de telles convictions, cela doit être un crève-coeur de voir le carburant gicler gros comme le doigt à 400 litres par heure dans la bi-turbine de son engin, pour transporter les pires mercenaires d'un système de production si parfaitement autonome qu'il n'a même plus besoin du sol --- serait-ce le sol d'un pays du tiers-monde --- pour s'implanter et pomper vigoureusement la dernière ressource à la mode. Lui-même se décrit comme un mercenaire, employé à l'heure, et touche entre 4000 et 8000 euros par mois. Il est fier d'avoir volontairement réduit la cadence pour commencer à se conformer à son objectif. 

Je lui fais remarquer que sa position sociale est très avantageuse : son métier ferait rêver bien des gens, et qu'il court un risque élevé, en début de trentaine, à vouloir se reconvertir à partir d'un emploi si spécifique. Il ne comprend pas ce que je veux dire. Je lui demande s'il existe, dans le milieu des hélicoptères, ce petit noyau de passionnés qui s'obstinent à mener à bien des projets de machines en construction amateur. Pour les avions, cela fonctionne encore beaucoup comme cela : en réalité il n'y a pas de frontière nette entre les nostalgiques des biplans, des visionnaires autodidactes, de bons charpentiers, des pilotes sérieux, d'autres fous, des forcenés du montage de boîte sans avenir, des gitans d'aérodrome ; un avion qui vole bien n'est jamais que la synthèse, l'écrémage de tout ce qui précède. J'essaye de lui faire mesurer ce à quoi il est en train de renoncer : la somme considérable de perfectionnement technologique toutes disciplines confondues que constitue un hélicoptère moderne, capable de tenir un point fixe au GPS au milieu de rafales de vent, de servir d'engin de levage de plusieurs tonnes dans des conditions dégradées. 

Peu lui importe.

mardi 10 juillet 2012

TCO


3250€: R1200RT achetée à 6000km 16500€ en juillet 2011 
                          vendue à 33000km 13250€ en juillet 2012
2450€: carburant 27000*5.5/100*1.65
650€: péages, utilisation autoroutière à 80%. 27000*0.8*3/100
1400€: assurance
1200€: entretien = deux pneus, et révisions.


33 centimes par kilomètre.


Véhicule de luxe?


mardi 8 mai 2012

Virages

Dans un passage d’un cynisme comique, le personnage Michel Houellebecq du roman, à moitié saoûl, théorise l’idéal de la consommation heureuse. Il se présente comme un consommateur nostalgique de l’objet parfait. Il dépeint l’âge d’or de la consommation où consommer était la promesse d’une satisfaction sûre et pouvait encore constituer un idéal de vie, ce qui est «beaucoup lorsqu’on a une vie intime assez pauvre». «Dans ma vie de consommateur», dit-il, «j’aurai connu trois objets parfaits: les chaussures Paraboot Marche, le combiné ordinateur portable-imprimante Canon Libris, la parka Camel Légend». Ces produits favoris qu’il a aimés «passionnément», dont il parle comme s’ils avaient «une âme qui s’attache à notre âme» selon la formule de Lamartine et qui ont fait de lui un «consommateur heureux», ont disparu car on ne leur a «jamais accordé de deuxième chance».


Je rentre d'une boucle en solo de 4300km Paris-Pyrénées-Paris qui amène ma distance parcourue sur deux roues à 25000km depuis le permis A, c'est à dire depuis un an. Avec plaisir, je sors de la sinistre statistique de surmortalité de première année (50%) (fiche no.20). Je suppose que mon style n'évoluera plus tellement, et les risques associés pas davantage: cela serait presque raisonnable.


Ce texte est une synthèse d'expériences sur route visant à servir d'aide-mémoire pour la prochaine sortie du genre. Après avoir passé tout l'hiver en circulation parisienne sur des itinéraires courts et répétitifs, quelques jours de réadaptation ont été nécessaires pour reprendre des marques sur des parcours inconnus et plus exigeants. Il faudra aussi, au retour, se réadapter à voir le danger surgir principalement des angles morts sous la forme de livreurs de sushis en scooter, qui sont rares dans les montagnes.


Palairac, porte


Le droit d'être lâché


Le livret d'apprentissage du permis A indique que l'obtention du permis n'est qu'un point de départ. Les exercices dits de plateau se retrouvent mis en application dans certains types de route ci-dessous, à ceci près qu'on ne peut pas prendre les mêmes risques avec une petite moto de plateau déglinguée, et une routière neuve à 16000, 400kg en équilibre pendulaire inversé sur des routes isolées, avec trafic en sens inverse et état de chaussée variable.


Le contenu de la formation sur le vaste sujet du virage au dessus de 40km/h est pour ainsi dire, vide. De même, le niveau de prise de risque face au freinage d'urgence reste une variable d'ajustement personnelle, que j'ai décidé quant à moi de calquer sur une recommandation de l'excellent blog flatfab:


«le meilleur freinage d’urgence, c’est celui que vous n’aurez pas à faire!»

Respecter ceci, implique de se comporter, à chaque instant, comme si derrière chaque obstacle visuel (virage, côte, maison, poids-lourd) pouvait surgir: la voiture de queue d'un embouteillage, un bus en sens inverse, une vache, un trou. Ipso facto, il en résulte une circulation (sur route nationale par exemple) à une allure de 10-15km/h moins rapide qu'en voiture, une circulation qui manque de fun et de panache mais qui permet a priori, d'arriver entier sans trop compter sur la chance.


Allures


a. cruise 


La conduite en ligne droite ou virages légers en sixième (90km/h sur nationale ou 130km/h sur autoroute) ne pose pour ainsi dire aucun problème particulier et demande à peine plus de vigilance qu'en voiture. Pas surprenant d'entendre parler de franchissements de 500, 700, 900km dans la journée sur des routières avec un régulateur de vitesse: anecdotes réalistes si la météo et la circulation sont optimales.

Considérant qu'un accident à 130km/h est fatal, quel que soit le véhicule, on peut même se satisfaire d'être à peu de choses près au même niveau de risque qu'une voiture, avec deux atouts supplémentaires: la fuite en avant plein gaz, et le gabarit qui permet un tunnel de survie entre deux files en cas de formation d'un mur.

Risque principal: à s'obstiner dans le respect de la distance de sécurité (deux traits longs), on s'expose à voir les voitures remplir sans vergogne ce tampon pour doubler par la gauche, ou par la droite. Parade: fuir l'autoroute quand elle est chargée (deux voies, avec la voie de droite saturée en poids lourds).


b. rapides 


Concerne une très petite partie du réseau.


Dans les régions de petites montagnes (Aurillac-Murat, Neuvéglise-Saint-Flour, Mont-Louis à Olette), ou les passages alpins entre centres industriels (Briançon-Grenoble = col du Lautaret) on trouve des 2 ou 3 voies rapides (110km/h) en excellent état, en pente avec des réductions de vitesse passagères (à 50, 70km/h) qui ne correspondent ni à l'aménagement d'un croisement en sécurité, ni à une limite de visibilité, mais bien à la limite d'habileté de l'automobiliste moyen, sur une voiture moyenne, quand ça tourne vite et fort. Ils sont fréquentés par des usagers réguliers et professionnels, des gens qui ne sont pas là pour le fun.


Ces axes constituent un piège en deux-roues, car leur configuration correspond à la plage d'utilisation des motos (en quatrième ou cinquième) où la surmotorisation par rapport aux voitures est la plus flagrante, là où tout commence à briller, chanter et vibrer; flatte les instincts les plus bas, et pousse au crime. 

Il faut donc savoir se résister, résister à la griserie du jeu vidéo et réaliser que chaque courbe rapide est une transaction, c'est à dire que si on engage un virage à 75km/h, on le finira aussi à 75km/h, éventuellement à travers la rembarde, ou sur la file d'en face s'il est mal cadré.

J'estime que 10% des motards sont capables de rectifier un virage rapide mal cadré sans partir dans le décor.


c. petite route 


80% des ballades.


Il s'agit du réseau secondaire, en régions rurales souvent peu fréquentées et pittoresques, typiquement la route à motards que la plupart des ballades cherchent à emprunter. 


Un enchaînement de joyeux passages entre 30 et 60km/h (4-3-4-3-4-3-2-3-2-3-2-3-4 etc) au jugé à la tronche du début de virage. Points à soigner:
  • vitesse d'entrée (l'objectif d'une sortie à virages n'est pas d'en passer la plupart mais de les passer tous)
  • le changement de rapport doit être fini avant d'entrer dans le virage. Risque de brouter en bas de troisième, ou d'à-coups en haut de deuxième
  • le virage doit toujours être pris en accélération et pas sur le frein moteur (le contrôle de traction agit en coupant l'injection)
  • serrer la moto entre les jambes pour une bonne stabilité dans l'inclinaison
  • une forte descente, ou dévers, modifie l'approche
  • R1200RT est sur-vireuse quand elle est très penchée, il faut tirer pour sortir
  • dans le guide prendre un virage à moto: entre le virage tête verticale, le virage aligné, et le virage «shampooing», ma préférence va au premier qui donne moins le mal de mer.

Crédit: flatfab




Il est également établi dans ce guide que prendre un virage à vitesse maximum (déhanché intérieur, plonger sur le point de corde, etc) d'une part, et prendre un virage en sécurité d'autre part, sont deux objectifs contradictoires. 


Risque principal: circulation en sens inverse: les locaux connaissent la route. Si le virage est sans visibilité, serré à gauche, option précipice à droite, il vaut mieux klaxonner en l'abordant car le casque est dans la file d'en face.


Indice1: les panneaux avertissement virage dangereux sont fréquemment placés là où ils sont inutiles, et vice-versa
Indice2: le plan résumé de la navigation GPS permet de tricher l'estimation de la courbure du virage, s'il est dissimulé dans le paysage
Indice3: les cartes de GPS sont par endroits inexactes
Indice4: il y a parfois des traces de pneu en pointillés sur la route pour indiquer les virages piège.


d. lacets en montagne 


Une version aggravée du cas précédent, car la progression entre 15 et 40km/h allonge beaucoup les temps de franchissement, ceci en complément d'autres problèmes spécifiques (pas d'accotement, éboulements, vertige, température sous 5 degrés, route bloquée par la neige). Le comportement des autre usagers de la route se fait heureusement plus serein.


La technique anti-rationnelle dite du regard («la moto va où tu diriges le nez»), marotte des instructeurs de moto-école, implique une position anti-naturelle dans les épingles à cheveux, mais fonctionne toujours. Garder un oeil sur le revêtement qui peut être couvert de gravillons, de gomme (plaques noires), et en dévers.

En descente, il faut vraiment des pentes de malade (rare) pour que le ralenti de seconde ne suffise pas à réduire le train à la juste allure.

Note optimiste: toutes les routes de montagne doivent pouvoir laisser passer un minibus. Il y a donc, dans les pires lacets, toujours, une largeur minimum qu'il faut parfois utiliser en totalité (klaxon), mais avec un peu d'audace tout devrait passer en seconde avec un passager (encore quelques années pour moi).

Puisque toutes les balades décrites dans cet article ont été faites seul, et hors saison (c'est à dire que par endroits, on croise un véhicule par heure) j'avouerai avoir passé quelques virages de montée en première et donc, sans pencher, et presque au pas, ce qui certainement manque de brio mais diminue beaucoup le stress.

Risque principal: caler. on ne roule pas vite... mais caler+pencher = tomber, glisser, pas d'accotement, etc. Mieux vaut faire patiner l'embrayage.


«Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.»


e. villages escarpés et épingles à cheveux urbaines 


La pancarte d'entrée dans un village procure une sorte de soulagement et donc relâchement à l'idée d'un retour à la civilisation, d'un espace pour se poser, voir des gens, prendre un café: méfiance! Beaucoup de villages sont construits exprès sur un promontoire, à l'origine pour permettre une surveillance panoramique, voire une fortification. Cette disposition reste encore efficace pour limiter la pénétration des cavaliers motorisés.



Le type de route qui vous a conduit au village, persiste au sein du village, et peut même s'y révéler pire. Il peut n'y avoir aucun endroit pour béquiller, des ruelles abruptes sans bitume, pénibles même à pied, des STOP incongrus aperçus au dernier moment, des gosses en VTT ---autant de pièges mortels pour les routières, en montée comme en descente.

Un coup de pute imparable: ville inconnue, deux rues se coupent en épingle à cheveux, en forte montée à droite, avec un Cédez le passage. Pas d'autre option que de manœuvrer à l'arrêt en faisant descendre le passager, ou aller chercher le prochain rond-point pour faire demi-tour.

Choisir son resto en voiture: le nez à la vitre baissée, en causant avec ses passagers, lire les menus, choisir un petit resto charmant en zigzagant parmi les 4 ou 5 du bled, conduite distraite.

Choisir son resto en moto: poser la moto sur la place de l'église. Chercher un resto à pied. Alternative: prévoir les restos avant.

Exemples: Roquefort. Manosque. Mantet. Grasse.

Arrivée Grasse-Est, direction la route Napoléon

f. décollage et atterrissage



Un paragraphe sans grand intérêt pour qui choisit sur une monture de moins de 180kg.


Sans hésitation, l'aspect le plus désagréable de ces deux semaines sur deux roues, c'est le risque faible, mais répété, vingt fois, trente fois par jour, ce non-sens qui consiste à manœuvrer en dessous de la vitesse d'équilibre naturel (10km/h) un énorme truc de 320kg qui ne demande qu'à se coucher par terre, avec éventuellement, en bonus, des spectateurs qui ne comprennent rien à ce cirque.


Recommandations:
  • dix premières minutes de la journée, dix dernières minutes: concentration maximale.
  • Le reste du temps: concentration maximale au stationnement. Ne relâcher l'attention que lorsque la moto est visuellement en appui sur la béquille dans un sol où elle ne peut s'enfoncer.
  • ralentir et décomposer chaque geste et chaque appui, quitte à faire un peu robot.
  • limiter les arrêts impromptus, surtout ceux pour lesquels on n'a pas choisi le sol. Chaque arrêt est l'occasion d'une merde potentielle. Exemple: poser une question à un piéton, à une autre voiture, ajuster l'approche d'une borne de péage, d'une pompe. Ne pas changer brutalement d'avis sur une direction à prendre, une jolie photo ou un coup de téléphone à recevoir. Utiliser les rond-points pour faire demi-tour.
  • chaussures adaptées, renforcées, semelle à crans. Fuir les sols en pente, glissants, meubles.
  • ne pas se garer en pente vers l'avant. Tellement évident a posteriori.
  • ne pas suivre les recommandations de fin de parcours d'un GPS dans un village de montagne. 
  • ne pas suivre les recommandations des habitants de ces mêmes villages qui y circulent en voiture ou en motocross («mais oui ma chambre d'hôte, au bout du petit chemin en terre à gauche de la chapelle, facile à trouver»).
  • si ça part: ça part, ne pas essayer de retenir le veau, écarter les pieds.

Allégorie sur les dix dernières minutes de la journée



Risque: très élevé car récurrent, heureusement sans conséquence vitale (cheville tordue, pied écrasé, genou flingué, glissade de l'engin sur une chaussée en pente, vers d'autres véhicules, des piétons, etc).


Recommandation: en vivre l'expérience, une fois, quitte à la provoquer si la chance s'obstine, mais ça ne dure pas. Comprendre qu'une pression, c'est une force sur une surface; qu'une R1200RT posée sur un cylindre c'est 320kg sur quelques centimètres carrés c'est à dire que ça traverse comme traverse un poinçon. Du point de vue de la moto, le flat-twin est sans doute un moindre mal, car les têtes de cylindre sont protégées avec une coque en plastique faite exprès; c'est à dire qu'en cas de chute, la moto se pose gentiment à l'oblique sur un cylindre --- normalement en épargnant le carénage, le pot, peut-être même les valises. Sur d'autres modèles la chute racle tout.


A priori, le cylindre fait office de top-block naturel autour de 70 degrés d'inclinaison



Curiosité: beaucoup de failure stories à ce sujet précisément sur internet. Cependant, le problème principal de ceux qui racontent n'est pas: est-ce que je me suis fait mal. Ni même est-ce que la moto n'a pas trop de dégâts. Non. L'obsession c'est: j'espère que personne ne m'a vu.


Mes respects: aux mécaniciens des garages BMW, dont celui de Paris XIII dont l'entrée est en pente, qui toute la journée, manœuvrent des monstres sans jamais, jamais, en coller un par terre.


Interlude


Pourquoi choisir une RT«Prenez-la en peinture bleue, choisissez un casque modulaire de même couleur et une veste unie sombre, si possible avec des bandes réfléchissantes. Vous verrez, c’est magique! A votre approche, les voitures ralentissent et s’écartent pour vous laisser passer. Les bavards jettent leur téléphone portable (vécu), les étourdies bouclent leur ceinture de sécurité. Les temps sont à la répression, vous participez donc plus ou moins volontairement à la dissuasion en assurant une (fausse) présence étendue des forces de l’ordre sur la route. Vous constaterez à quel point la peur du gendarme simplifie vos déplacements. Bien entendu, cela implique de votre part un comportement en adéquation, responsable, civique et respectueux des autres usagers.»


C'est quoi ce débutant qui donne des conseils



La plupart de ce qui précède me servira d'aide-mémoire au prochain parcours. Je n'imagine pas que les problèmes mentionnés disparaissent avec l'expérience, ou que l'on puisse donner des conseils sensiblement différents, à moins de lâcher gros sur l'impératif de sécurité...


On a tendance à oublier rapidement les merdes de ses parcours. Pour mémoire je me suis obligé à en prendre note cette fois-ci sur ce parcours de 4300km --- par ordre décroissant de gravité:
  • filant à 130km/h sur l'A75 (section à deux voies, sur la file de gauche) dans une montée en courbe à droite, j'ajuste pour dépasser un poids lourd. J'ai bien repéré une audi assez loin derrière, mais je me concentre sur le poids lourd; pour parer à tout écart, je serre la droite de mon couloir de circulation. Je sens un grand souffle d'air sur la gauche, c'est l'audi qui s'est forcé un passage en me frôlant à 40cm. J'ai ensuite poursuivi cette ordure pendant 20 minutes en espérant qu'il fasse un arrêt à la pompe, pour m'expliquer avec le monsieur à la pompe, je veux dire une grosse pompe dans sa gueule. Il sort ailleurs. Je laisse tomber.
  • A9, trajet Montpellier-Collioure. Commence avec un fort vent, mais d'habitude je me ris du vent, car les motos lourdes sont moins sensibles au vent, surtout le vent constant, elles s'inclinent dans le bon sens et puis c'est tout. Progressivement la situation devient incontrôlable, panneaux lumineux clignotants: «rafales violentes», les voitures font des écarts, les poids-lourds font la tortue, les oiseaux volent à reculons. Après dix minutes, je réalise qu'en baissant la bulle, ça réduit la «voilure» au prix du vent pleine face. Deux rafales me font changer de file, et j'ai tellement mal aux bras que je décide de quitter l'autoroute.
  • trajet Luchon-Pau: nationale, il pleut beaucoup. Je ne peux pas rouler à 80km/h: on n'y voit goutte. Un poids lourd me colle au cul. Il me collera à deux mètres pendant vingt (longues) minutes. On se quitte à un rond-point.
  • montée du col d'Ispegui. Erreur au passage de la première sur un virage très serré à très faible vitesse, je passe le point mort. Correction en une demi-seconde.
  • sur une voie rapide, virage rapide: moucheron dans l'oeil.
  • mauvais raccord de chaussée à hauteur d'Olette au niveau d'un STOP. La moto est déséquilibrée à l'arrêt, mon pied glisse et je la rattrape in extremis au prix d'une crampe instantanée dans le mollet.
  • même journée, un villageois me recommande de faire un demi-tour en engageant l'avant dans de la terre sableuse. Le sol s'affaisse et je récupère de justesse.
  • château de Bénac: garage avec une belle dalle en béton propre et lisse. Glissade du pied, rattrapage de justesse.
  • fin de journée, dernière section, Foix-Bénac: le GPS me conduit dans un boyau mal goudronné en très forte descente qui débouche à l'aveugle sur une départementale. Je le prends au ralenti à l'équilibre limite, heureusement ce jour-là: sans les bagages.
  • fin de journée, retour de nuit au parking d'une chambre d'hôte à Saubissan. Le GPS me guide, à nouveau, à travers des trucs impensables sans croisement possible, en montée. Je rate l'entrée en terre du parking dans une forte montée. Je redescends 10cm par 10cm sur cinq mètres dans le noir. Je fais brûler l'embrayage pour repartir en marche avant.
  • arrivée au Mas d'Azil par le sud. Je circule avec la visière solaire. Je m'extasie devant l'approche de la fameuse grotte sans réaliser que la route passe dans la grotte tout en ratant un panneau de limitation à 30. Je me retrouve dans le noir, à suivre les lumières guides.
  • petites routes de l'Aveyron: ici vraiment plus qu'ailleurs, les voitures conduisent vite, vraiment trop vite, vous collent au cul pour passer, font des signes de bienvenue par la fenêtre avec un doigt, etc
Grotte traversante du Mas d'Azil

Faux problèmes:
  • croisements serrés sur petite route: réaction à temps: 5 ou 6 fois. de justesse: 0. avec évitement: 0. réussite dûe à la bonne réaction de l'automobiliste en face: 0. dûe à la chance: 0. en résumé: bon calibrage
  • chaussée dégradée: beaucoup de route mouillée, gravillons, trous, grêlons, bois mort, mousse, mais jamais de problème en passant tout droit à allure convenable
  • freinage d'urgence: quelques arrivées merdiques sur des rond-points donnant lieu à un freinage appuyé, ceux qui font bing quand on a un passager (merci aux voitures qui sortent sans clignoter)
  • déclenchement de l'ABS: jamais
  • déclenchement du contrôle de traction: jamais
On s'y fait toujours prendre:
  • la blague du rond-point en descente. Les motos sont facilement entraînées par la pente. Lorsqu'une forte descente aboutit sur un rond-point, rétrograder ne suffit pas, il faut freiner intensément pour ne pas faire irruption en vrac sur le rond-point.
  • la blague de l'enchaînement improbable. Sur une route normale en descente, virage caché pour commencer deux épingles à cheveux. Exemple: arrivée sur Chaudes-Aigues par Lacalm.
  • la blague de la focalisation sur un seul problème. Aussitôt un problème identifié voire évacué (voiture en double file, emmerdeur qui colle au cul, plaque de graviers, moto plus belle que la sienne) il faut le mémoriser et immédiatement reporter son attention sur l'obstacle potentiel suivant. En particulier, le danger est grand en coursant un emmerdeur pour se venger, de se faire piéger pour une raison tout autre.
Arrivée sur Chaudes-Aigues depuis Lacalm. Constater sur Google Street View que le boyau n'est pas précédé d'une limitation de vitesse.


Le parcours en détail




View pyrénées in a larger map

Jour km Trajet Déj Dîner Nuit Notes
Sam 21 330 Paris-Dijon

0
Lun 23 300 -Paray le Monial-Courpière (Livradois) ˜20 inc 45 furets
Mar 24 450 -A75-Montpellier-A9-Narbonne-Durban ˜20 inc 55 pluie, vent
Mer 25 350 -Sorniou-Mosset-Col de Jau-Mont-Louis-Olette-Mantet ˜10 inc 56
Jeu 26 200 -Ille/Têt-Bouleternaire-Céret-Collioure ˜15 ˜40 42
Ven 27 80 -Banyuls-Espagne-Collioure ˜20 ˜30 42
Sam 28 200 -Bénac ˜15 inc 82
Dim 29 250 (tour de l'Ariège) ˜15 inc 82 +++. col bloqué par la neige
Lun 30 200 -St Bertrand-Louron-Saubissan ˜15 ˜30 55 pluie. balnea
Mar 1 220 -Guethary-Villefranque ˜20 ˜25 65
Mer 2 300 (tour du Pays Basque) ˜40 ˜25 65 +++. débat Sarko-Hollande
Jeu 3 450 -Mont de Marsan-Gaillac-Entraygues ˜20 75 65 Marmande+++
Ven 4 250 (tour du Cantal) ˜13 22 65 pluie, col bloqué par la neige
Sam 5 450 -St Flour-Moulins-Autun-Dijon ˜13
0 pluie, grêle
Mar 8 330 -Paris







Palmarès gastronomique


Comme d'habitude, les meilleurs ne sont pas les plus chers:
  1. Collioure, Casa Leon. Considérable loup de ligne grillé, Collioure blanc. C'est avec un petit air sûr d'elle que la serveuse me propose entre autres poissons du jour et plats cuisinés, un bar sauvage a la plancha. Je lui lance un regard de défi, chiche, tu m'impressionnes pas, ma cocotte, bien sûr, servi entier avec la tête et la queue; et je me prépare à une légère déception, tout en commandant, c'est un peu beaucoup pour dîner seul, une bouteille de 50cl de Collioure Blanc. Arrive une assiette ovale énorme avec une bête de presque un kilo qui dépasse à gauche et à droite. La cuisson, parfaite; grillé à l'extérieur, arête se détachant juste au centre, chair exceptionnelle de finesse, arrosée tantôt de citron, d'huile d'olive, trempée dans l'aïoli. Mon meilleur souvenir de poisson grillé au restaurant remontait à plus de quinze ans: une daurade grillée au thym dans une ville de la côte d'Azur; il vient de voler pour laisser place à celui-ci. Je regagne ma chambre particulièrement fait.
  2. Bayonne, Chez Txotx. Gros pavé de morue aux poivrons et olives, verre de rouge (Rioja) «Excusez nous Monsieur, ça a pris un peu de temps pour la cuisson tellement c'était épais.» En effet...
  3. Vielle-Aure, la Table de la Fontaine. Carré d'agneau rôti au poivre. à la perfection
  4. Gaillac, place principale. Un mille-feuille au citron, crème au beurre
  5. Bayonne, Chez Txotx. Pavé de merlu à l'ail confit, verre de blanc (basque)
Château de Vigouroux

dimanche 11 mars 2012

Nuages de charia sur la France

«A l’heure actuelle, c’est à l’islam et non à la civilisation européenne ou ses valeurs démocratiques que les immigrants accordent une légitimité politique… Ils acceptent les institutions européennes dans la mesure où celles-ci ne freinent pas l’expansion de l’islam. Ils les rejettent quand elles deviennent un obstacle.» Christopher Caldwell 



Belle actualité islamique ces temps-ci: les Français découvrent avec surprise, en pleine campagne présidentielle, que 51% de la viande est halal; et cette semaine, trois faits divers répugnants autour d'une tentative d'immolation, d'une réussite d'ébouillantage, et d'une tentative d'égorgement (sur un humain).

L'air de rien, l'hebdo gratuit le plus lu de France, Vingt Minutes, continue tranquillement avec ce petit article, vendredi:

L'assurance-vie compatible avec l'islam arrive


[...] Cette fois-ci, l'assurance-vie sera donc accessible à l'ensemble des particuliers français… musulmans ou non. «La finance islamique, c'est d'abord un compartiment de la finance éthique», insiste Anouar Hassoune, ancien vice-président de l'agence de notation Moody's et responsable du produit. «La rémunération par les taux d'intérêt est interdite, tout comme la spéculation. Et les transactions doivent être adossées à des actifs provenant de l'économie réelle. Ces critères relèvent du bon sens et sont vraiment universalisables


Concrètement, cette assurance-vie n'intégrera aucune obligation, seulement des fonds d'actions de sociétés reconnues comme licites et n'exerçant pas dans des secteurs tels que les jeux d'argent, l'armement ou le cinéma. [...]

Évoquant le sujet avec des amis, je réalise que ce dernier article ne leur pose pas un problème majeur, hors la tentative de communautarisme (c'est à dire qu'une entreprise proposant des placements «sains» sans que cela soit trop teinté de religion, leur paraît une bonne idée). Un commentaire plein de sagesse, mais ce faisant, ils passent à côté du sel de la chose, la question de savoir qui est légitime en France pour décider que telle chose est licite, ou pas.



***

Un peu d'histoire récente

Il y a dix ans (2002), le personnel de ma société alors installée à Palaiseau comprenait un Algérien et un Marocain. Il est arrivé, une fois, que le sujet de la viande halal effleure pendant la pause déjeuner. Depuis ma naissance, et sans doute bien avant, il y avait en France des épiceries casher; mais la minorité musulmane --- hors ses réticences sur la viande de porc et un attrait particulier pour l'agneau --- semblait se satisfaire de la viande locale. Ce jour-là, ils nous ont confirmé qu'il s'agissait davantage avec le halal, d'une tentative de marketing parallèle, absolument facultatif pour les musulmans vivant hors terre d'islam.
«Dans les années 90 et même au début des années 2000, les musulmans interrogés sur leur consommation estimaient que cela ne correspondait pas à un impératif religieux. Aujourd'hui, ils sont beaucoup plus nombreux à en consommer et tous mettent en avant une conformité aux règles de l'islam.» [source]

Il y a deux ans (2010), l'affaire de l'interdiction des burqa fait rage. Je fais observer à mes collègues qu'il s'agit ni plus ni moins de riposter contre les balbutiements de la charia en France. L'un d'entre eux répond: «de la quoi?»

Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu une idée précise, et nettement péjorative, de ce qu'était la charia. La projection mentale immédiate d'un barbu à l'oeil fou, faisant tournoyer un sabre pour l'abattre sur la main d'un voleur, n'y est sans doute pas pour rien. À vrai dire, cette charia totale n'existe que dans le fin du fin du monde islamique, mais le halal est bien une efflorescence de cette chose, ici. Il est illusoire d'envisager une communauté musulmane significative en nombre, sans que se pose un jour, le problème de la collision entre nos règles, et les leurs.


La pénétration de cette idéologie en France est nettement facilitée par l'ignorance et le manque de curiosité des jeunes adultes (ce que Renaud Camus appelle La Grande Déculturation), associés à une propagande médiatique efficace d'édulcoration de l'islam. En admettant que wikipedia soit une source objective (pour une pensée occidentale, plutôt oui), et de qualité suffisante, la simple lecture de ces articles: charia,  kafir, dhimmidindjihad, devrait vacciner rapidement n'importe quel individu avec un cerveau.


La situation d'un quartier à Londres

Au pire, il est encore possible pour quelques années, de laisser pourrir tout cela au nom du communautarisme («surtout ne pas juger»): se laver les mains de ces problématiques, au motif que ceux qui en sont victimes en France (donc: caillassées, brûlées, violées, ébouillantées, égorgées, découpées, mortes) de toute façon ne sont pas des nôtres. Tel n'est pas mon point de vue.

***

Le cinéma c'est dégueu

Certaines valeurs morales sont universelles, ou universalisables (pour reprendre les termes de l'article, à supposer que chacun souhaite vraiment se faire universaliser --- on voit qu'il y a ici, un empilement de discours pervertis).

Je vais m'attacher dans ce qui suit, à mettre en lumière des nuances, voire des oppositions entre la législation française et la charia. Il faut bien comprendre, cependant, que même s'il y avait coïncidence totale entre les recommandations des deux systèmes --- et il y avait sans doute une coïncidence frappante, entre la charia de 2012 et la législation de l'Inquisition en France, quinzième siècle --- cela serait toujours un problème. En effet, nos lois évoluent, lentement, mais efficacement, par l'effet de décisions démocratiques. La loi d'un dogme, en revanche, est immuable.

Les jeux d'argent sont mal vus partout, certes. L'armement aussi, du moins les gens comprennent que c'est un mal nécessaire, un mal pour un bien (concept subtil). Les modalités de la légalité du prêt à intérêt résultent d'une histoire longue en occident, mais il est licite. Le contenu webmatique critique sur la finance islamique est très maigre, mais en voici un exemple:
«Il est bien évident que les banques islamiques, qui n’existent pas par charité chrétienne, ne prêtent pas à «taux zéro» : elles ne pratiquent pas le taux d’intérêt, autrefois dénommé usure, mais pratiquent des opérations qui y équivalent. Sans entrer dans les détails, une banque islamique ne prête pas à intérêt, mais deux stratégies principales la rémunèrent :
* elle peut prendre des parts dans des sociétés dont elle partage alors les bénéfices pour se rémunérer, souvent avec des clauses qui limitent ses pertes possibles. Le tout revient bien à donner de l’argent et à en reprendre le même montant plus une rémunération.
* elle peut acheter un bien et le revendre aussitôt plus cher (ce qui représente l’intérêt qu’aurait pris une banque non-islamique) à quelqu’un qui paiera en paiements franctionnés. On a donc bien là aussi une rémunération de l’argent prêté.»
En tous les cas, elle ne méritait pas un tel effort de prostitution de la part de nos chers politiques:


Quant à mettre en cause l'industrie cinématographique, non, vraiment je n'accroche pas; mais je vais ici jouer au jeu inverse: relever en quoi certaines particularités islamiques sont tout à fait malvenues en France par deux exemples:

***

L'égorgement (des animaux), c'est mieux
L'égorgement (des animaux), c'est recommandé
1. Ne pas égorger (les animaux), c'est interdit

De fait, il semble que le spectacle d'un animal de 500kg se débattant, entravé, sabots en l'air, dans une cage en métal, avec sur le vif, les derniers battements de cœur sous la forme de grandes gerbes écarlates, le dernier souffle: de la brume à travers une trachée ouverte, l'estomac qui se vide, soit insupportable aux Français.

En tous les cas, la législation française impose d'expédier la nécessaire mise à mort pour qu'elle soit plus acceptable, parce que moins théâtrale.

Mon avis personnel sur cette question est, à vrai dire, mitigé. Pendant mon service militaire, certains exercices de terrain étaient redoutés; l'un des pires, sommet de l'aguerrissement, consistait à préparer son dîner à partir d'un poulet vivant en plumes et sur pattes. À moi, cela paraissait au contraire de nature plutôt pédagogique (en tous les cas, matière à révéler crûment l'éloignement croissant de l'homo sapiens avec la nature).
«Un être humain devrait savoir changer une couche-culotte, planifier une invasion, égorger un cochon, manœuvrer un navire, concevoir un bâtiment, écrire un sonnet, faire un bilan comptable, monter un mur, réduire une fracture, soutenir un mourant, prendre des ordres, donner des ordres, coopérer, agir seul, résoudre des équations, analyser un nouveau problème, répandre de l’engrais, programmer un ordinateur, cuisiner un bon repas, se battre efficacement, et mourir bravement. La spécialisation, c’est bon pour les insectes.» – Robert Anson Heinlein
Notre société a pris le chemin d'une dissimulation quelque peu hypocrite de la violence et de la mort. Ceux qui s'écartent de cette règle sont ostracisés --- croque-morts, chasseurs, prêtres, bouchers, motards, toreros --- obscurs passeurs entre le monde de la viande vivante et le monde de la viande morte. La prolifération du politiquement correct prend sans doute partie de ses racines dans ce phénomène qui permet d'éluder le caractère acharné de nos existences. Ce qui me gêne vraiment dans le tableau gore montré plus haut, c'est l'ingéniosité perverse du dispositif visant à entraver la bête (à comparer avec la corrida); et le choix d'un instrument d'exécution si démodé: pourquoi pas avec les dents?

***

2. Une fille qui n'arrive pas vierge à son mariage, c'est une pute. 
Lapidation à mort de la femme adultère.


Dans cinq leçons de vivre-ensemble, Alain Finkielkraut rappelle le point suivant:
«Par l’entremise du raisonnable Chrysalde, Molière tourne en dérision non le cocuage mais la hantise du cocuage. Chrysalde rive son clou à Arnolphe en ces termes:
« Être avare, brutal, fourbe, méchant et lâche,
N’est rien, à votre avis, auprès de cette tache,
Et que de quelque façon qu’on puisse avoir vécu,
On est homme d’honneur quand on n’est point cocu. » 
L’École des femmes révolutionne le concept d’honneur. Ce n’est plus le cocu qui est ridicule et déshonoré aux yeux du public, c’est Arnolphe, l’homme qui a une peur panique de l’être. 
Et c’est au pays de Molière qu’à partir de l’âge classique qui s’est défini lui-même comme l’âge galant, on a exalté (sinon toujours pratiqué) un art de vivre ensemble et de mêler les hommes et les femmes sans que le déshonneur en résulte. Dans les pays du Sud de l’Europe, au même moment, les hommes gardent les femmes derrière les grilles et les verrous ; au Nord, dans la froide Angleterre, les sexes vivent séparés non par opposition mais par indifférence. « En Angleterre, dit le proverbe, rien n’est fait pour les femmes, pas même les hommes. » Voilà pourquoi Hume proclame la France pays des femmes. »
La France se serait donc engagée au 17ème siècle dans ce pari délicat d'atteindre, sur ce domaine précis, un meilleur bien collectif en relâchant la pression sur le sexe faible, c'est à dire, en affaiblissant le patriarcat et en dédramatisant l'adultère.

Car tout est dans la subtilité du relâchement. Si la plupart des jeunes, aujourd'hui, espèrent simplement trouver un partenaire qui n'a pas beaucoup plus d'heures de vol qu'eux-mêmes, cet idéal ne peut se résumer dans les termes de la charia.

Osons alors une dernière comparaison avec la frange la plus réactionnaire de notre société --- ce serait de toute façon le premier angle d'attaque d'un détracteur: oui, il subsiste en France une infime minorité sincèrement attachée à la virginité. Pour ces derniers, il va de soi que l'exigence qu'ils imposent à leur partenaire, passe par leur propre obligation à ce protocole désuet (point fondamental), et ne s'accompagne pas de la condamnation véhémente de ceux qui se comportent autrement. Alors...


***

Une conclusion?

Déjà deux commentaires informels sur cette intervention, relevant un manque de structure du document. Ah...

Notre point de départ est une série de faits divers révélant la visibilité croissante d'une loi parallèle en France, sous la forme de crimes d'honneur, de problèmes d'abattage rituel, et maintenant, de placements «éthiques».

Cette montée en puissance est très brutale (une dizaine d'années) et sans corrélation entre le pourcentage de personnes concernées (en gros, 6%) et sa place dans la vie publique. Quel que soit son contenu --- l'imposition d'un nouveau cadre devrait au minimum attirer l'attention, voire susciter un certain scepticisme. Or, ce n'est pas ce qui se produit.

L'optimisme règne, bercé par les medias, installé dans la tranquille pensée que les règles morales, universelles, se valent toutes, moyennant quelques nuances et précautions inter-culturelles. Cela me paraît inexact, et le rejet du cinéma doit nous mettre la puce à l'oreille. Je relève deux exemples sur lesquels il y a forte divergence de points de vue.

Peut-il y avoir plusieurs lois sur un même territoire? Je ne crois pas.


Note: cet article est antérieur de quelques semaines à l'affaire Mohamed Merah.

samedi 20 août 2011

Cavalier facile GT

Bien qu'un déplacement en Californie écourte ma période estivale en France, j'ai décidé in extremis de partir voir Nice le week-end du 15 août en prenant une extension de deux jours les 16 et 17.

Le trajet au départ de Paris, si on ne se donne pas la peine de sortir des sentiers battus, constitue une expérience brutale de 2200km d'autoroute en voiture assez barbante pour juste un week-end. En choisissant un peu mieux les étapes, le déplacement devient voyage; ici le choix de la Route Napoléon s'impose (Grenoble - Gap - Sisteron - Digne - Castellane - Grasse), d'autant plus que les conditions de circulation sur les axes normaux sont prévues dans le rouge.

La moto

Malgré tout l'agrément que j'ai tiré de la F800ST depuis mai sur presque 5000km, j'ai constaté une limite dure d'utilisation routière à environ 300km par jour. Sans trop de regrets à part le gabarit et le prix, je l'ai troquée contre une R1200RT bleue de 2010.

Les routières ou GT (Grand Tourisme) sont des motos massives, lourdes, très confortables, et généralement chères. Elles sont particulièrement adaptées aux longs trajets routiers. Leur cylindrée moyenne est de 1000 cm³ avec un comportement moteur sain, sage et progressif. L'accent est mis sur le confort des passagers, la durée de vie mécanique, l'agrément de conduite et la fonctionnalité. (wikipedia.fr)

260kg, 107ch, châssis de science-fiction, complètement carénée de l'avant avec une bulle réglable en hauteur, c'est le flat-twin BMW ultra-classique qui sert de vaisseau autoroutier à la plupart des professionnels en moto (la police notamment). Elle incorpore également une suspension ajustable, un régulateur de vitesse, ABS et anti-patinage, un ensemble de valises au niveau du coffre d'une 107, autoradio.

La bulle électrique permet de supprimer l'essentiel de la pression du vent sur le cou et les bras qui rendent l'autoroute fatigante, elle apporte aussi, comme sur les voitures décapotables, une protection rudimentaire mais suffisante contre la pluie au delà de 90km/h: puisqu'elle est située à hauteur des yeux, seule la partie supérieure du casque est vraiment exposée, le reste est humide seulement. Au delà de 40km/h, la stabilité latérale de l'engin est impressionnante, on se croit sur un rail; si l'on ajoute à cela le cruise control, on peut simplement régler l'allure à 137km/h et laisser filer en écoutant la musique sans plus de stress qu'en voiture.

Vendredi 12

16h-19h 300km, Paris-Dijon, autoroute. Circulation modérée, deux ondées légères.

Samedi 13

8h-11h. 300km. Dijon-Grenoble, autoroute. Grand soleil mais la densité de circulation augmente à vue d'oeil, c'est une fuite en avant avec un bouchon géant qui se forme derrière et essaye de me rattrapper. Je triche de 100km avec le parcours authentique de la route Napoléon en poursuivant jusqu'à Veynes, c'est à dire en longeant le Vercors et non la bordure ouest du Parc des Écrins.

Veynes: accident sur la nationale, je remonte 15km de bouchon-à-l'arrêt mais la largeur des bagages rend la manoeuvre un peu délicate, d'ailleurs j'accroche une valise sur un cône en plastique rouge. Large pause déjeuner pour laisser le trafic reprendre normalement.

13h-15h. En fait le trafic est dense sur la route Napoléon, y compris surcharge d'avions légers dans le ciel à hauteur de l'aérodrome de Tallard. Je décide de prendre une variante par la route de Barcelonnette (passant par Selonnet). Beaucoup d'éboulis de Gap à Selonnet, dur d'avancer à plus de 40km/h. Pause Coca.

16h-18h. Selonnet-Digne-Castellane. Une vraie route à virages de motards alternant entre cols et lacets gentils, d'ailleurs il y a plus de motards que de voitures. Sur la route, la répartition des motos se fait ainsi: un tiers de R1200GS, le très grand trail de BMW; un tiers de R1200RT ou variante précédente; le reste, des japonaises et des italiennes avec des modalités de transport de passagers et bagages parfois inquiétantes.

Arrivé à Castellane, évidemment je n'ai planifié aucun point de chute, c'est la pleine période touristique; néanmoins l'office du tourisme me trouve un gîte à 20km à l'est, à Soleilhas. Je me pose sur un troquet de la place principale pour récupérer un peu, et dîner.

20h-21h. La route de Soleilhas longe un bassin du Verdon d'une couleur turquoise irréelle, elle rétrécit ensuite sur une seule voie avec un bitume de bonne qualité mais des lacets vraiment serrés; entre villages isolés, la nuit, il n'y a plus aucun passage donc le plantage ne peut pas exister; cela prendra plus d'une heure pour faire le parcours.

Dimanche 14

9h-11h. Soleilhas-Nice par le Col de Bleine. Route sublime.

Curieusement il y a des stationnements pour deux roues motorisés sur la Promenade des Anglais mais pas de point d'accès sans truander un passage piéton et 50m de piste cyclable. C'est un des avantages de la moto, de pouvoir stationner sans trop gêner un peu n'importe où, en l'occurence, je suis à pleine charge de bagages et je cherche à éviter les embrouilles; je la pose pile devant Castel-Plage à un endroit où il y a tant de passage que le voleur assez gonflé pour fracturer, ici, oui vraiment là, un coffre à bagages, mériterait presque mon respect pour sa téméritude.


Castel-Plage est une section privée au bout de la plage de galets abritant un restaurant demi-luxe. Évidemment, le plan de réservation des transats est complet depuis des semaines, mais le temps est un peu nuageux, alors le serveur finalement me propose à la demi-journée (9h-13h30) un transat+parasol pour la modique somme de 25 euros. Il a un peu de mal à s'organiser parce que le très jeune caniche de la patronne, une pouf en rose, a le droit de monter (pardon, a élu domicile) sur le comptoir, se torche le cul sur le registre des réservations et réclame beaucoup d'attention. Suggestion: grenaille numéro 5.

Je passe à table vers 14h pour prendre un tartare de daurade à la mangue qui sera servi 45 minutes plus tard. Suinte des hauts-parleurs une soupe dans le style lounge; on pense à Dido bien sûr (There will be... no white flag... above my head... and I'll surrender...) qui convient à merveille aux atmosphères moites de littoral alangui; mais là, il s'agit davantage de grands tubes réinterprétés par des pétasses molles à la voix sirupeuse, U2, New Year's Day ou Cure, c'est pas terrible.

Je sacrifie à ce rituel du Castel à chaque passage à Nice; la faune attirée par ce type de prestation est exaspérante mais assez amusante à observer, entre des yachtmen bècebège, des vioques en goguette et surtout la partie friquée (donc vieillissante) du milieu gay niçois dont je crains qu'ils soient vraiment là tous les jours.

L'après-midi, dégustation de vin au domaine du Collet de Bovis dans un petit village à 15km. L'appellation Bellet, minuscule en surface, peu connue, produit des blancs floraux magnifiques avec pas mal de gras, une sorte de Meursault du Sud, et des rouges avec des arômes peu courants de violette, cuir, et cire d'abeille, autour de 15 euros la bouteille.

Il y a beaucoup de circulation et de touristes à Nice; contrairement à Castellane située un peu en altitude, la température et l'humidité ne sont pas supportables pour qui porte un pantalon en cuir et des bottes. Il est impensable de trouver un hébergement en dessous de 100 euros dans un rayon de 20km, je décide de sortir mon joker nuit dans les bois, la météo ce soir semble s'y prêter. Je vais me délasser quelques heures aux Bains-Douches, sauna gay rue Gubernatis pour limiter la suée et adoucir les moeurs en contrepartie et prévision d'une nuit dehors.

Vers 21h, je prends la route vers une zone boisée sans habitations trouvée avec le GPS entre Vence et Coursegoules. Il s'agit du col de Vence, et il y a justement un arrêt possible pour accéder à un point de vue en hauteur sur de la pinède un peu râpée, sans arbres.

Il fait nuit et je pose la moto sur une sorte de petit parking où il y a déjà... deux vieilles Clio. Depuis Internet, les rencontres interlopes entre gays n'ont plus tellement lieu dans les bois; il faut donc pencher pour l'hypothèse d'autres personnes en barbecue ou bivouac sauvage. Je joue un peu avec l'impression que je donne, il faut dire que l'allure de la moto et le casque blanc, font que les gens me prennent assez facilement pour un flic; sur la route, ils ralentissent, se rabattent, c'est rigolo.

Muni d'une lampe de poche, je me rapproche des véhicules; je tombe assez rapidement sur quatre jeunes des villages alentour dans la vingtaine qui se font un petit barbecue nocturne à la fraîche sur la butte --- dans cette région, en cette saison, c'est interdit. Ils sont nettement intimidés d'autant plus que je reste, exprès, longtemps silencieux; puis je leur explique mon plan et ils trouvent ça vraiment cool. Ils m'invitent à prendre des pastagas devant le feu en écoutant La Rue Kétanou (sic), et l'un d'entre eux nous fait une démo nocturne de bolas enflammées. Ils racontent des histoires marrantes d'UFOlogie, il paraît qu'il y a une activité paranormale importante très ciblée sur le col de Vence. Ils ont tous un travail et une discussion à peu près normale, c'est rassurant.



L'un d'entre eux est boulanger à Vence; il a pas mal sillonné la France sans un radis, il me donne un super tuyau pour la toilette du matin, une cascade assez difficile à trouver à l'entrée du village. Nuit agréable au grand air au pied d'une sculpture de bienvenue pour les extra-terrestres.

Lundi 15

Je localise le sentier qui mène au Riou et je le descends sur 5 kilomètres; la route se dégrade pour n'être plus qu'un sentier de graviers avec des caillasses, un peu délicat à passer en première. Ça se termine en pente et en dévers à droite devant une barrière, je décide de faciliter le retour en stationnant la moto dans le sens du départ avec un virage à droite que je prends trop large; je réussis à immobiliser la roue avant en bordure d'un fossé, et je réalise qu'il m'est impossible de manoeuvrer pour sortir, parce qu'il n'y a pas de marche arrière et 290kg c'est trop lourd pour faire des petits coups de rein. En pratique la situation ressemble à ça:



Je commence à démonter valises et topcase et sortir un bout de corde, le passer autour d'un arbre pour essayer de la tirer, quand arrive un couple qui promène son chien, le gars est un ancien motard, en tirant à deux han han il me sort d'affaire.

Le coin de baignade est exceptionnel; c'est une cascade qui fait de grands bassins d'une eau très claire avec truites et têtards (et panneau baignade interdite, évidemment) et un chemin très raide qui permet de passer de l'un à l'autre (pas en tongs).

Déjeuner à Tourettes-sur-Loup. Visite du moulin à huile d'olive d'Opio.

16h30-18h00 Grasse-Castellane par la route Napoléon. Il y a une saleté de virage en épingle à cheveu en forte montée à droite dans Grasse sur lequel je suis obligé de piler et refaire un démarrage au milieu, vraiment je ne vois pas comment on pourrait aborder ceci en sécurité avec un passager. Le reste de la route est magique.



Mardi 16

Matin: hydrospeed dans le Verdon. Tenue aquatique renforcée aux genoux et cuisses, palmes, casque et gros flotteur, le but est de faire le petit Grégory dans un torrent de montagne à l'occasion d'un lâcher d'eau du barrage EDF.

Je tombe à cette occasion sur quelques magnifiques specimens d'ados avec des sculptures de crasse sur la tête, je veux dire, des dreads, portant sarouel (pour homme!?); sorte de punk à chien qui n'a pas encore son chien. Ils ont l'air gentil, bien sûr, puisqu'ils veulent sauver les baleines et les indiens, mais je suggère pour eux tout de même, une rééducation par le travail aux champs (forcé), ou quelques heures de garde-à-vous au petit matin devant un monument aux morts, sous un petit crachin d'automne.

Après-midi: visite de Notre-Dame du Roc, une petite église qui surplombe Castellane.


Mercredi 17

6h30-11h Castellane-Veynes. Départ à l'aube, traversée de bancs de brumes et rayons orange du matin; le plaisir est au carré avec le choix de Delicate Sound Of Thunder, Pink Floyd pour accompagner le voyage sur la motoradio.


«There's no sensation to compare with this
Suspended animation, A state of bliss
Can't keep my mind from the circling skies
Tongue-tied and twisted just an earth-bound misfit, I»


11h-13h Veynes-Lyon par l'autoroute. Déjeuner dans le vieux Lyon à Saint-Jean: gras double sauté à l'ail et au vin blanc. Je suis informé in extremis par mail d'un projet de baignade familiale dans le Jura sur le milieu d'après-midi.

14h-16h. Lyon-Parcey et chemin de terre jusqu'à la confluence de la Loue et du Doubs.

Fin de journée en famille.

Jeudi 18

6h-9h 300km: Dijon-Paris, autoroute. Expérience électrique. Départ de nuit, amoncellement de nuages noirs dans la vallée, je traverse quatre orages énormes dans un ciel lézardé d'éclairs sous la pluie. Il y a peu de trafic routier ce qui rend la chose certes osée mais pas incertaine; cinq minutes critiques où la pluie devient si forte que je ne vois vraiment plus rien, et se forme une flaque gelée entre mes cuisses, car le pantalon en cuir est étanche. Je réduis l'allure à 110 avec les warnings le temps de traverser le déluge. Passé le péage de Fontainebleau vers 8h, je croise, pour la première fois depuis le départ, d'autres motards sur la route.

Budget

Essence 2200km à 5l/100km soit 200 euros
Péages cumulés 60 euros
Logement en gîtes. Soleilhas, 14 euros, Castellane, 17 euros x2, total 48 euros
Restaurants 120 euros

TCO BMW R1200RT: 0.75 euros/km


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