mardi 12 octobre 2010

Déconstruction du néologisme: islamophobie

Il paraît important, dès lors que le contexte oblige tout individu responsable à s'aventurer intellectuellement en terrain glissant, de bien faire la différence entre ce dont il est, ou pas, légitime (voire permis) de débattre.


Si les propos racistes sont (selon moi) absurdes et d'un autre âge (qui plus est, interdits en France par la loi Gayssot), rien n'empêche le constat de nuances culturelles entre des groupes (cf. Le déni des cultures), qui peuvent s'aggraver en oppositions irréconciliables; ni même l'établissement de hiérarchies, relevant à la fois du fait et de la subjectivité (et j'apprécierais qu'en France on soit, en premier lieu, sensible à la culture de ses nationaux).


Pour illustrer, tout en amenant le dernier angle d'attaque: les sociétés occidentales sont supérieures en ce sens qu'elles ont durement lutté pour atteindre un stade où la critique des idéologies et religions est, également, permise.


Partant, la rhétorique d'opposition à ces débats s'attachera désespérément à établir que vous avez franchi la ligne jaune, par procès d'intention, ou en déformant vos propos jusqu'à les faire tomber dans le champ de la loi Gayssot.


Le texte qui suit n'est pas de moi, mais d'un contributeur fdesouche.com sous le pseudo Father McKenzie, dont la plupart des textes sont plutôt édifiants. On peut le retrouver dans son contexte ici.


«Revenons aussi sur ce terme d’islamophobie, néologisme incapacitant forgé par les islamophiles à destination des crétins politico-médiatiques ignorant des bases de la propagande sémantique et qui l’ont avalé tout cru comme une loche bouffe un hameçon.

Ce petit bijou de
novlangue a un plan de fabrication un mode d’emploi et un but. Le prototype en est le mot Xéno-phobie, peur de l’étranger, par extension crainte irraisonnée et par extension encore détestation puis par une expansion césarienne cette fois-ci: acte ou opinion exprimée haineux envers un étranger ou un groupe d’étranger en cette qualité. La loi française condamne la xénophobie. D’évidence elle ne condamne pas une crainte, ni une opinion secrète jamais exprimée, on voit donc que la dernière définition est la bonne et que deux critères, au moins, sont exigés pour constituer la xénophobie, sa manifestation concrète par une expression ou un acte et l’aspect haineux ou susceptible de provoquer volontairement la haine envers ledit Xenos, l’élément de volontarité coulant de source est non spécifique à ce délit.

Quand au Xenos, il couvre l’étranger en tant qu’individu ou groupe d’individus, il ne couvre évidemment pas les concepts, les idées, les êtres imaginaires, les productions intellectuelles, d’un individu ou d’un groupe d’individus. Il est interdit d’appeler à la haine envers les Bretons ou «un Breton en tant que tel» mais il n’est pas interdit d’affirmer que l’on déteste les crêpes, que l’on souhaite l’interdiction du biniou ou que l’on veut exterminer les Korrigans.

De même, l’interdiction de l’expression de la haine n’implique pas l’obligation d’aimer.

Sous cet éclairage on voit mieux comment et pourquoi ce mot d’islamophobie a été construit et pourquoi il a été, à l’instar de tout le vocabulaire incapacitant (sans-papiers, jeunes, double peine, racisme…) instillé de façon normative auprès du grand public sans défenses intellectuelles dans le cadre d’une subtile manipulation mentale. On sait depuis Orwell que celui qui tient le langage tient le pouvoir en délimitant le bien du mal et que ce charme permet d’inverser le sens des mots et les valeurs, voire de supprimer des éléments du réel car ce qui ne se nomme pas, ne peut se conceptualiser.

On a voulu fabriquer un mot-valise afin d’en charger les compartiments avec des armes paralysantes. On a opéré un glissement de sens. L’Islam n’est pas un individu ou un groupe d’individus, c’est une religion, un concept immatériel. Une religion n’a pas de système nerveux, elle ne peut pas souffrir il n’est donc pas criminel de l’attaquer ou de la détester et de le faire savoir. Quand au suffixe “phobie” il a l’immense avantage de faire passer le rejet pour une névrose (au passage on ne voit d’ailleurs pas comment une névrose pourrait constituer un délit) déqualifiant ainsi l’adversaire par un processus bien connu des totalitarismes qui va de la médicalisation des opinions à l’animalisation de l’adversaire pour aboutir à la transformation en choses des opposants puis à leur liquidation ou gazéification pure et simple. En même temps ce mot de “phobie” permet d’instaurer une limite floue entre rejet et manifestation haineuse factuelle permettant d’adapter la répression à toutes les circonstances.

On voit donc que ce mot est une arme métapolitique, fabriqué par un glissement de sens à partir de deux suffixes bien choisis et dont la réunion opère l’équivalent d’une arme binaire de destruction massive dont l’objectif est la liberté d’exercer la moindre critique sur un concept, l’Islam. Il n’a rien à voir avec les mots similaires utilisés par le législateur et qui ont été choisis pour protéger les hommes des fruits de la haine et pas les idées de la critique acerbe ou du rejet.

Un piège grossier.

Je note d’ailleurs avec amusement que depuis que je tape ce texte le mot islamophobie apparait en rouge, visiblement il est aussi récent que les intérêts en France de ceux qui s’en servent et personne n’avait ressenti l’utilité de le construire avant qu’un Islam jusqu’ici discret n’émette des prétentions à imposer des restrictions aux libertés. Il a l’ancienneté et la légitimité ici de ses propagandistes salafistes et wahabites, c’est à dire pas grand-chose et le correcteur d’orthographe de Windows l’ignore, il a bien raison et nous devrions nous en inspirer.»

Father McKenzie, 16sep2009

Me voilà réconcilié avec Word.

mercredi 6 octobre 2010

Cantat contre cheveux ras

une confrontation utile entre L'iditenté (sic, Têtes Raides et Noir Désir, Gratte-Poil, 2000) et Casse sociale (Vae Victis, Hors-la-loi, 2000).

Question au lecteur: où sont les plus gros faux-culs? (indice: lesquels se sont fait le plus de tunes?)

***



Qui?


Curieux cas que Bertrand Cantat, dont j’ai tous les albums et dont je guette la réapparition prochaine sur scène avec Noir Désir. Un groupe de rock les plus créatifs des 20 dernières années, des albums sans une piste à jeter, un maximum d’énergie sur scène, le riff chromatique impossible de Tostaky. Je voudrais mettre de côté le message politique, aujourd’hui un message suiviste; ce qui m’intéresse chez lui c’est sa façon d’exploiter la violence radicale dans un contexte artistique, comme Prokofiev le fait aussi dans un registre différent (Concerto piano no.2); epsilon plus loin et c’est Riefenstahl. On se repassera avec plaisir La chaleur (1989... «c’est le soir où le vent s’est levé...») et éventuellement, on y verra une prophétie. À ne pas écouter au volant, mais sans complexe, car art et morale font mauvais ménage.

Il s'associe pour cette chanson aux Têtes Raides, que je connais beaucoup moins, évidemment la chanson Ginette («tôt ou tard ça va s’écrouler...» juxtaposition de fragments d’ambiance, Indochine fait ça aussi, moins bien) là on est dans le lyrisme popu,

Évidemment l’alliance des deux accouche d’un scud de sentimentalisme idéologisé, avec un fond rock efficace, que voici:



Les clans des rues les clandestins
Les cris des chiens hurlent à la ronde

Chouette, ça commence dans un taudis
comme du théâtre serbo-tchèque
on va sûrement dans ce cadre
nous présenter des choses édifiantes

J'suis pas inscrit sur la mappemonde

Y a pas d'pays pour les vauriens
Les poètes et les baladins
Y a pas d'pays
Si tu le veux
Prends le mien


carton jaune!

Mais l’idée est intéressante, non pas d’un partage, mais d’un troc de pays.
Tu m’échanges ma CNI contre ta... euh... attends... je réfléchis


Que Paris est beau quand chantent les oiseaux

Que Dijon est beau quand roucoulent les pigeons.
Que Kabul est belle quand chantent les tourterelles.
«Et gai rossignol et merle moqueur...»
la chanson ne dit pas où ils chantent ceux-là.

Ça doit être du yaourt pour faire passer...

Que Paris est laid quand il se croit français

carton rouge!
objection: Paris (prononcé [paʁi] ) est la capitale de la France.


Avec ses sans-papirs
Qui vont bientôt r'partir

bien entendu, papir rime à l’allemande c’est plus sympa.
Fumiers d’allemands (mais pas d’amalgame, ne stigmatisons pas)

Vers leur pays les chiens
On a tout pris chez eux y a plus rien

schlack! schlack! (bruit du colonisateur qui se mortifie)

De rétention en cale de fond

on dit fond de cale en céfran

J'en ai même oublié mon ombre

Emprunt à Lavilliers («J’ai oublié jusqu’à mon nom»)?

Je promène moi dans vos décombres


On m'a donné un bout de rien

schlack! schlack! (bruit du constructeur de HLM qui se mortifie)

J'en ai fait cent mille chemins
J'en ai fait cent
J'en ai fait un

100101 message binaire qui n’est pas sans rappeler
les 1001 nuits donc islamiste (je rigole)


Un chemin de l'identité
L'iditenté l'idétitan
L'y tant d'idées à la ronde

La chanson préférée des orthophonistes.
Le procédé est le même que la contrepèterie,
mais puisque les variations ne sont ni vulgaires ni drôles,
voire tirées par les cheveux et vides de sens,
ça peut faire penser avec le bénéfice du doute à de la vraie poésie.

Je préfère quant à moi la chanson L’état t’encule des punks à chien


Et dans ce flot d'univériens
J'aurai plus d'nom j'aurai plus rien



Je dois être un salaud parce que cette perspective ne m'inspire guère...
Emprunt improbable à la chanson Les Partisans?
(«J'ai changé cent fois de nom / J'ai perdu femme et enfants / Mais j'ai tant d'amis»)

Dis-moi c'est quand que tu reviens



Plagiat de «Dis, quand reviendras-tu?» (Barbara) en FLE français langue étrangère


Que Paris est beau quand chantent les oiseaux
Que Paris est laid quand il se croit français

Avec tous ces champs d'tir
Et tous ces fous du tir

Un jeu de mots m'échappe

Y visent pas que les lapins
C'est plus du gros sel
C'est des tomahawks

Il vole à une vitesse sub-sonique de l'ordre de
900km/h (environ mach 0,7) et a une portée maximale de 2500km

Ou des missiles sol-air

Ce sont des missiles légers (15 à 20 kg pour la munition),
tirables à l'épaule, mis en œuvre par deux hommes, comme le Mistral,
le FIM-92 Stinger ou le 9K32 Strela-2 par exemple. Leur portée n'excède
pas 5km. Ils sont très rapides (Mach 3 environ). Ils possèdent généralement
un système de guidage infrarouge. Certains utilisent un guidage laser,
comme le SAAB-70 suédois par exemple.

Ou des skuds

Le scud R-17, fut quant à lui déployé à partir de 1965 et était capable
de lancer une charge utile (ogive explosive ou à fragmentation, mais
aussi arme chimique ou nucléaire) d'une tonne à 300 km
(contre 130 km pour le Scud A).

Ok, on a vu la posture,
c’est donc l’impuissance du
poète
contre les ordures
infâmes armés
jusqu’aux
dents

Et moi avec mon pistolet à bouchon
Je pars au front

Menteur.

Tu le sais bien que ta chanson
elle rentre comme du beurre dans les petites têtes des lycéens.
Tu le sais bien qu'elle peut toucher, en une fois,
plus de victimes que tous les missiles précédents.

Paris sera beau (ad nauseam)





Qui?


Quand on voit le petit angelot sur la vidéo précédente, et le gros poing tendu sur celle-là, il y a comme un indice aussi, sur le message d'amour sous-jacent.

Franchement, pas assez de données sur les individus, Vae Victis, plus tard reformés sous le nom Île de France; font partie de la mouvance Rock Identitaire Français, dont chacun sait que «le véritable but [...] est d'attirer la jeunesse dans les bras de l'extrême droite.»

Évidemment, tous les skins de France se retrouvent discrétos aux concerts de IDF («Je suis né pour tuer le bourgeois qui est en moi» commence à y avoir du boulot en ce qui me concerne) mais ça n’empêche pas de prêter l’oreille à ces chansons nauséabondes.

La musique n'est pas désagréable. Il y a eu bien du progrès depuis la boîte à rythme cracra de béru



Ton cas est bien trop banal
Pour qu'on s'intéresse à toi
Tu es né au mauvais endroit
Le tout sur fond de crise sociale






noter la forme stricte, et les rimes bien nettes.

Un père aux abonnés absents
Et une mère sans argent
Une école d'incompétents

message réac, j’aime.
Tout ça c'est trop pour un enfant





carton jaune: appel aux sentiments.

Mais aujourd'hui tu as 20 ans
Et tu es déjà déclassé
Pas d'étrangers chez tes parents
Mais tu n'es toujours pas intégré.

Trop seul, trop pâle,
Trop seul pour qu'on te craigne,
Trop pâle pour qu'on te plaigne.

carton rouge: le faf pris en flag' de discours victimaire inversé.
on avait dit mort aux vaincus.
faut choisir entre se plaindre et combattre.

Tu vogues de jobs en petits boulots
La société t'a oublié
Tu n'as vraiment pas eu de pot
Tu n'es pas né sans papiers.

c'est vrai.
Pour cause de rentabilité
Il va falloir te sous-payer
Travailler même le dimanche
Sinon t'auras qu'à faire la manche. 


T'as intérêt à marcher droit
A ne pas faire de faux pas
Car c'est à toi qu'on demandera
Des sacrifices à tour de bras.

yes!
La société est cloisonnée
Plus moyen de se regrouper
Les syndicats sont désertés
Les employés sont oppressés.

Emprunt? Dutronc «Les journaux sont imprimés. Les ouvriers sont déprimés.»

Au nom d'une libre concurrence
Tu subis la loi du marché
Abandonne toute espérance
Sois déjà content de travailler

Enchaînés à leur boulot
Les Français sont résignés
Mais toi tu refuses d'être un veau 







Je refuse d'être des veaux
Tu as envie de lutter.

A la bourse les cours ont chuté
Il va falloir te licencier
Ces milliardaires qui spéculent
C'est toute ta vie qui bascule.

La rime appelle une blague mais c'est pas dans l'esprit


Ils ont ouvert toutes les frontières
Pour mieux partager la misère
Pour engraisser les actionnaires
Et pour mieux baisser ton salaire.

Tout est dans l'optimisme final.